La bouteille à la mer / La botella al mar
Texto original y traducción
Alfred de Vigny (1797–1863)
I
Courage, ô faible enfant de qui ma solitude
Reçoit ces chants plaintifs, sans nom, que vous jetez
Sous mes yeux ombragés du camail de l’étude,
Oubliez les enfants par la mort rrêtés;
Oubliez Chatterton, Gilbert et Malfilâtre;
De l’œuvre d’avenir saintement ildolâtre;,
Enfin, oubliez l’homme en vous-même.—Écoutez:
II
Quand un grave marin voit que le vent l’emporte
Et que les mâts brisés pendent tous sur le pont,
Que dans son grand duel la mer est la plus forte
Et que par des calculs l’esprit en vain répond;
Que le courant l’écrase et le roule en sa course,
Qu’il est sans gouvernail, et, partant, sans ressource,
Il se croise les bras dans un clame profond.
III
Il voit les masses d’eau, les toise et les mesure,
Les méprise en sachant qu’il en est écrasé,
Soumet son âme au poids de la matière impure
Et se sent mort ainsi que son vaisseau rasé.
—A de certains moments, l’âme est sans résistance;
Mais le penseur s’isole et n’attend d’assistance
Que de la forte foi dont il est embrasé.
IV
Dans les heures du soir, le jeune Capitaine
A fait ce qu’il a pu pour le salut des siens.
Nul vaisseau n’appararaît sur la vague lointaine,
La nuit tombe, et le brick court aux rocs indiens.
—Il se résigne, il prie; il se recueille, il pense
A celui qui soutient les pôles et balance
L’équateur hérissé des longs méridiens.
V
Son sacrifice est fait; mais il faut que la terre
Recueille du travail le pieux monument.
C’est le journal savant, le calcul solitaire,
Plus rare que la perle et que le diamant;
C’est la carte des flots faite dans la tempête,
La carte de l’écueil qui va briser sa tête:
Aux voyageurs futurs sublime testament.
VI
Il écrit: ‘Aujourd’hui, le courant nous entraîne,
Désemparés, perdus, sur la Terre-de-Feu.
Le courant porte à l’est. Notre morte est certaine:
Il faut cingler au nord pour bien passer ce lieu.
—Ci-joint est mon journal, portant quelques études
Des constellations des hautes latitudes.
Qu’il aborde, si c’est la volonté de Dieu!’
VII
Puis, immobile et froid, comme le cap des brumes
Qui sert de sentinelle au détroit Magellan,
Sombre comme ces rocs au front chargé d’écumes,
Ces pics noirs dont chacun porte un deuil castillan,
Il ouvre une bouteille et la choisit très forte,
Tandis que son vaisseau que le courant emporte
Tourne en un cercle étroit comme un vol de milan.
VIII
Il tient dans une main cette vieille compagne,
Ferme, de l’autre main, son flanc noir et terni.
Le cachet porte encor le blason de Champagne:
De la mousse de Reims son col vert est jauni.
D’un regard, le marin en soi-même rappelle
Quel jour il assembla l’équipage autour d’elle,
Pour porter un grand toste au pavillon béni.
IX
On avait mis en panne, et c’était grande fête;
Chaque homme sur son mât tenait le verre en main;
Chacun à son signal se découvrit la tête,
Et répondit d’en haut par un hourra soudain.
Le soleil souriant dorait les voiles blanches;
L’air ému répétait ces voix mâles et franches,
Ce noble appel de l’homme à son pays lointain.
X
Après le cri de tous, chacun rêve en silence.
Dans la mousse d’Aï luit l’éclair d’un bonheur;
Tout au fond de son verre il aperçoit la France.
La France est pour chacun ce qu’y laissa son cœur:
L’un y voit son vieux père assis au coin de l’âtre,
Comptant ses jours d’absence; à la table du pâtre,
Il voit sa chaise vide à côté de sa sœur.
XI
Un autre y voit Paris, où sa fille penchée
Marque avec les compas tous les souffles de l’air,
Ternit de pleurs la glace où l’aiguille est cachée,
Et cherche à ramener l’aimant avec le fer.
Un autre y voit Marseille. Une femme se lève,
Court au port et lui tend un mouchoir de la grève,
Et ne sent pas ses pieds enfoncés dans la mer.
XII
O superstition des amours ineffables,
Murmures de nos cœurs qui nous semblez des voix,
Calculs de la science, ô décevantes fables!
Pourquoi nous apparaître en un jour tant de fois?
Pourquoi vers l’horizon nous tendre ainsi des pièges?
Espérances roulant comme roulent les neiges;
Globes toujours pétris et fondus sous nos doigts!
XIII
Où sont-ils à présent? où sont ces trois cents braves?
Renversés par le vent dans les courants maudits,
Aux harpons indiens ils portent pour épaves
Leurs habits déchirés sur leurs corps refroidis,
Les savants officiers, la hache à la ceinture,
Ont péri les premiers en coupant la mâture:
Ainsi, de ces trois cents il n’en reste que dix!
XIV
Le capitaine encor jette un regard au pôle
Dont il vient d’explorer les détroits inconnus.
L’eau monte à ses genoux et frappe son épaule;
Il peut lever au ciel l’un de ses deux bras nus.
Son navire est coulé, sa vie est révolue:
Il lance la Bouteille à la mer, et salue
Les jours de l’avenir qui pour lui sont venus.
XV
Il sourit en songeant que ce fragile verre
Portera sa pensée et son nom jusqu’au port;
Que d’une île inconnue il agrandit la terre;
Qu’il marque un nouvel astre et le confie au sort:
Que Dieu peut bien permettre à des eaux insensées
De perdre des vaisseaux, mais non pas des pensées;
Et qu’avec un flacon il a vaincu la mort.
XVI
Tout est dit. A présent, que Dieu lui soit en aide!
Sur le brick englouti l’onde a pris son niveau.
Au large flot de l’est le flot de l’ouest succède,
Et la Bouteille y roule en son vaste berceau.
Seule dans l’Océan la frêle passagère
N’a pas pour se guider une brise légère;
Mais elle vient de l’arche et porte le rameau.
XVII
Les courants l’emportaient, les glaçons la retiennent
Et la couvrent des plis d’un épais manteau blanc.
Les noirs chevaux de mer la heurtent, puis reviennent
La flairer avec crainte, et passent en soufflant.
Elle attend que l’été, changeant ses destinées,
Vienne ouvrir le rempart des glaces obstinées,
Et vers la ligne ardente elle monte en roulant.
XVIII
Un jour, tout était calme et la mer Pacifique,
Par ses vagues d’azur, d’or et de diamant,
Renvoyait ses splendeurs au soleil du tropique.
Un navire y passait majestueusement;
Il a vu la Bouteille aux gens de mer sacrée:
Il couvre de signaux sa flamme diaprée,
Lance un canot en mer et s’arrête un moment.
XIX
Mais on entend au loin le canon des Corsaires;
Le Négrier va fuir s’il peut prendre le vent.
Alerte! et coulez bas ces sombres adversaires!
Noyez or et bourreaux du couchant au levant!
La frégate reprend ses canots et les jette
En son sein, comme fait la sarigue inquiète,
Et par voile et vapeur vole et roule en avant.
XX
Seule dans l’Océan, seule toujours!—Perdue
Comme un point invisible en un mouvant désert,
L’aventurière passe errant dans l’étendue,
Et voit tel cap secret qui n’est pas découvert.
Tremblante voyageuse à flotter condamnée,
Elle sent sur son col que depuis une année
L’algue et les goémons lui font un manteau vert.
XXI
Un soir enfin, les vents qui soufflent des Florides
L’entraînent vers la France et ses bords pluvieux.
Un pêcheur accroupi sous des rochers arides
Tire dans ses filets le flacon précieux.
Il court, cherche un savant et lui montre sa prise,
Et, sans l’oser ouvrir, demande qu’on lui dise
Quel est cet élixir noir et mystérieux.
XXII
Quel est cet élixir? Pêcheur, c’est la science,
C’est l’élixir divin que boivent les esprits,
Trésor de la pensée et de l’expérience;
Et si tes lourds filets, ô pêcheur, avaient pris
L’or qui toujours serpete aux veines du Mexique,
Les diamants de l’Inde et les perles d’Afrique,
Ton labeur de ce jour aurait eu moins de prix.
XXIII
Regarde.—Quelle joie ardente et sérieuse!
Une gloire de plus luit dans la nation.
Le canon tout-puissant et la cloche pieuse
Font sur les toits tremblants bondir l’émotion.
Aux héros du savoir plus qu’à ceux des batailles
On va faire aujourd’hui de grandes funérailles.
Lis ce mot sur les murs: ‘Commémoration!’
XXIV
Souvenir éternel! gloire à la découverte
Dans l’homme ou la nature, égaux en profondeur,
Dans le Juste et le Bien, source à peine entr’ouverte.
Dans l’Art inépuisable, abîme de splendeur!
Qu’importe oubli, morsure, injustice insensée,
Glaces et tourbillons de notre traversée?
Sur la pierre des morts croît l’arbre de grandeur.
XXV
Cet arbre est le plus beau de la terre promise,
C’est votre phare à tous, Penseurs laborieux!
Voguez sans jamais craindre ou les flots ou la brise
Pour tout trésor scellé du cachet précieux.
L’or pur doit surnager, et sa gloire est certaine:
Dites en souriant comme ce capitaine:
‘Qu’il aborde, si c’est a volonté des dieux!’
XXVI
Le vrai Dieu, le Dieu fort, est le Dieu des idées.
Sur nos fronts sù le germe est jeté par le sort,
Répandons le Savoir en fécondes ondées;
Puis, recueillant le fruit tel que de l’âme il sort,
Tout empreint du parfum des saintes solitudes,
Jetons l’œuvre à la mer, la mer des multitudes:
—Dieu la prendra du doigt pour la conduire au port.
La botella en el mar
I
Ten valor, débil niño, tú que a mi soledad"
mandas cantos quejosos y sin nombre, que arrojas
ante mis resguardados ojos de hombre de estudio.
No recuerdes a aquellos que la muerte truncó:
Chatterton y Gilbert, Malfilátre; de la obra
del futuro no dejes de ser un santo idólatra,
las miserias del hombre que hay en ti olvida. Escucha.
II
Cuando un grave marino ve que el viento le lleva
con los mástiles rotos, cuando ve que en el duelo
que sostiene es el mar el más fuerte adversario,
y que en vano su ingenio sus recursos convoca;
que la fuerza del agua le sumerge y le arrastra,
que ha perdido el timón y con él todo rumbo,
se refugia en su calma y se cruza de brazos.
III
Ve los líquidos montes, con sus ojos los mide,
los desprecia sabiendo que le van a engullir,
toda su alma somete a la impura materia,
sabe que va a morir al igual que su barco.
Porque a veces el alma resistir ya no puede;
mas quien piensa se aísla y tan sólo la fe
de los fuertes le alienta y le presta socorro.
IV
Ya en la noche aquel joven capitán ha hecho todo
lo que estaba en su mano por salvar a los suyos.
Ni una vela aparece en las ondas lejanas,
todo es sombra y el brick va hacia las rocas indias.
Se resigna, ahora reza; y medita en Aquel
que sostiene los polos y que eriza con largos
meridianos la línea ceñidora del mundo.
V
Presto está al sacrificio; mas la tierra precisa
recoger del trabajo aquel fiel testimonio.
Es el diario estudioso de su afán solitario
que valdrá mucho más que el diamante y la perla;
es la carta marina que trazó en la tormenta,
y hay en ella el peñasco donde va a naufragar,
testamento sublime al futuro viajero.
VI
«Hoy», escribe, «nos lleva la corriente del mar
a la Tierra del Fuego, ya sin rumbo, perdidos.
Nos empuja hacia el este. Nuestra muerte es segura:
que se single hacia el norte evitando el escollo.
Acompaño mi diario que contiene un estudio
de las constelaciones de esta parte del cielo.
¡Que alguien pueda encontrarlo si así Dios lo dispone!
VII
Luego, inmóvil y frío, como el cabo brumoso,
centinela que guarda el estrecho del sur,
al igual que esas peñas revestidas de espuma,
negros picos con luto por algún español,
abre al fin la botella que parece más fuerte,
cuando el barco, arrastrado por la fuerza del agua,
gira en círculo igual que un milano que vuela.
Una mano sostiene a la fiel compañera,
cierra con la otra mano su negruzca abertura,
todavía el escudo de Champaña en el lacre;
hay espuma de Reims en su cuello verdoso.
Y al mirarla el marino rememora aquel día
cuando aquella botella reunió a todos sus hombres
para un brindis solemne a la enseña bendita
IX
Se quedaron al pairo celebrando una fiesta,
todos los tripulantes con un vaso en la mano;
cuando él dio la señal todos se descubrieron
prorrumpiendo en un hurra como una sola voz.
La sonrisa del sol blancas velas doraba;
repetían los aires aquel grito viril
noblemente invocando a la patria lejana.
X
Tras el hurra quedaron meditando en silencio.
En la espuma de Aï hay fulgores de dicha;
en el fondo del vaso todos ven a la Francia,
lo que en ella dejaron al partir con dolor:
uno a su padre anciano, junto al fuego, contando
por los días su ausencia; ve también en la mesa
un silla vacía junto a la de su hermana.
XI
Ve París quien contempla a su hija observando
la medida de todas las corrientes del aire,
y empañando con lágrimas el cristal de la aguja,
mientras trata de unir el imán con el hierro."
Otro allí ve Marsella. La mujer corre al puerto
y en la playa le tiende un pañuelo, insensible
a sus pies que el mar baña al subir la marea.
XII
¡Simulacros de amores inefables, murmullos
de las almas sonoras como si fueran voces,
oh el recurso a la ciencia, o engañosa ficción!
¿Por qué así os repetís tantas veces al día?
¿Por qué sois espejismos en el ciego horizonte?
¡Esperanzas de nieve que se amasan sin tregua
y se funden dejando nuestras manos vacías!
XIII
Los trescientos valientes, ¿dónde están? Derribados
por el viento en el seno de corrientes malditas,
presa de arpones indios, en sus cuerpos helados
sólo quedan jirones de su azul uniforme;
y antes que ellos murieron, su destral en el cinto,
oficiales muy doctos que cortaban los mástiles.
¡Y de aquellos trescientos sólo diez sobreviven!
XIV
Ahora vuelve sus ojos el capitán al polo
del que acaba de ver los ignotos estrechos.
Está hundido en el agua, que le llega a los hombros
y aún un brazo desnudo hacia el cielo levanta.
Su navío naufraga y su vida concluye:
lanza al mar la botella y al hacerlo saluda
al futuro que sabe que ahora empieza para él.
XV
Y sonríe al pensar que aquel vidrio tan frágil
llevará su mensaje y su nombre hasta el puerto;
que es como una isla nueva que así agranda la tierra;
que confía aquel astro descubierto a la suerte;
que Dios puede dejar que unas aguas absurdas
hundan barcos mas no pensamientos también;
y que con la botella ha vencido a la muerte.
XVI
Dicho está. ¡Que Dios quiere acudir en su ayuda!
Todo el brick anegado queda ya bajo el agua.
De un océano pasa a otro océano, flota
la botella mecida en su cuna vastísima.
Sola en medio del mar esa frágil viajera
sólo tiene por guía una brisa muy leve;
mas procede del arca, lleva un ramo de olivo.
XVII
Las corrientes la empujan, la detienen los hielos
y la cubren con pliegues de su manto blanquísimo;
y con ella tropiezan los caballos de mar,
la olfatean con susto, resoplando se alejan.
El verano, instrumento del destino cambiante,
rompe al fin la muralla de los hielos porfiados,
y flotando se acerca al ardiente Ecuador.
XVIII
Cierto día en que todo era calma en el mar,
cuyas olas de azul, de diamante y doradas
su esplendor devolvía a los soles del trópico
majestuoso un navío por allí hacía rumbo;
la botella es sagrada para el hombre de mar
y al instante su flámula se cubrió de señale!
se detiene y un bote es lanzado a las aguas.
XIX
Pero se oye a lo lejos el cañón del corsario;
el negrero va a huir con la ayuda del viento.
¡Zafarrancho! Abatid al siniestro enemigo.
¡Hundid oro y verdugos de poniente a levante!
La fragata sus botes recupera, los mete
en su seno cual ágil zarigüeya, y a impulsos
de la vela y vapor se apresura a singlar.
XX
¡Siempre sola en el mar, siempre sola, perdida
como un punto invisible en el móvil desierto!
La viajera errabunda sigue abriéndose paso
y ve vírgenes tierras aún ignotas a todos.
Temblorosa, parece condenada a flotar,
y descubre en su cuello que de un año a esta parte
ovas y algas le han hecho como un manto verdoso.
XXI
Una noche por fin vientos de las Floridas
hacia Francia la empujan, y en sus costas lluviosas
al pie de peñas áridas hay un buen pescador
que en sus redes recoge la valiosa botella.
Busca a un sabio corriendo y le muestra el tesoro
que no se atreve a abrir y pregunta cuál es
aquel negro elixir que contiene el misterio.
XXII
¿Qué elixir es aquél? Pescador, es la ciencia.
Es divino elixir que el espíritu bebe,
pensamiento, experiencias que son todo un tesoro.
Pescador, si en la malla de tus redes cogieras
todo el oro serpeante por las venas de México,
los diamantes de la India y las perlas del África,
tu trabajo aquel día fuese menos valioso.
XXIII
¡Oh, contempla qué júbilo tan ardiente y tan grave!
Ahora brilla en la patria otro nombre glorioso.
El cañón poderoso y la pía campana
su emoción comunican por el aire que tiembla.
Funerales solemnes hoy habrá por los héroes
del más arduo saber, no por gestas guerreras,
las paredes lo dicen: «Un recuerdo en su honor.»
XXIV
¡Oh, recuerdo perenne! Gloria al que ha descubierto
algo humano o del mundo, los dos grandes misterios,
lo que es justo y el Bien, fuentes mal conocidas,
o el espléndido abismo insondable del Arte.
Poco importa el olvido, la injusticia insensata,
remolinos y hielos de la gran travesía.
Sobre la última losa crece el árbol glorioso.
XXV
Otro no hay en la tierra prometida más bello,
es el faro de todos, pensadores tenaces.
Navegad sin temer ni las olas ni el viento
bien sellado el tesoro con el lacre precioso.
Pues tal oro no se hunde y su gloria es segura;
decid, pues, sonriendo, como aquel capitán:
¡Que alguien pueda encontrarlo si los dioses lo quieren! »
XXVI
Yo sé bien que el Dios fuerte es el Dios de la idea.
Si la suerte arrojó en la frente su germen,
el Saber extendamos en fecunda oleada;.
recojamos el fruto tal cual sale del alma,
perfumado de santas soledades, y entonces
arrojemos nuestra obra a los mares del mundo:
Dios hará que algún día llegue a puerto seguro
No hay comentarios:
Publicar un comentario